Interview d’André Jadin, Président du Club royal des gastronomes de 1980 à 1996 par Jacques Kother pour le Guide des Connaisseurs, avril 1984.
Quel est le rôle du Club des gastronomes de Belgique ?
D’une façon générale, on peut dire que le rôle du Club des gastronomes de Belgique est de type socio—culturel. Il a en effet pour objectif de créer des liens toujours plus étroits entre ceux qui ont le vif souci de perpétuer la tradition du bien manger et du bon vin, en les réunissant sous ce signe. Par l’attribution de « Césars » et d’ »Oscars », il vise à distinguer des restaurateurs, des cuisiniers, des maîtres d’hôtel, des sommeliers, des maisons ou des artisans qui sont l’honneur de leur profession et dont les talents ont pu être appréciés lors de réunions du Club.
Peut-on faire un portrait-type des membres du Club ?
Cela me paraît extrêmement difficile et ce, d’autant plus que le nombre de membres ne permet pas d’appliquer les méthodes statistiques classiques. Je me permettrai plutôt de brosser le portrait idéal du ou de la membre du Club.
Curieux de tout ce qui touche à l’art d’être à table, il s’efforce d’analyser ses sensations visuelles, olfactives et gustatives, d’apprécier les harmonies ou les contrastes de ce qui lui est présenté.
Il aime déguster dans un cadre agréable à une table dressée avec goût et en compagnie de convives qui partagent son amour des bonnes choses.
Il est sensible à la chaleur de l’accueil qu’on lui réserve, écoutant toutes les suggestions et n’en rejetant aucune a priori, sauf… s’il se sait allergique.
Il n’hésite pas à parcourir des dizaines de kilomètres pour déguster les plus suaves asperges de Malines récoltées par le maraîcher d’en face ou les langoustines à la chair la plus délicate encore toutes humides d’eau de mer.
Il n’oublie jamais de témoigner sa reconnaissance à ceux qui ont œuvré pour son bonheur, sachant à la fois louer et suggérer.
Il s’intéresse à la préparation des plats et, s’il est doué, n’hésite pas à mettre la main à la pâte pour tenter de faire d’autres heureux.
Conscient que les vraies joies se joies se partagent et que la table devient le dernier refuge d’un certain art de vivre, il est sensible à l’amitié qui peut lier les convives, sachant à la fois les écouter et leur parler.
Quelles sont les ambitions du président pour les cinq prochaines années ?
Offrir aux membres des manifestations de grande qualité. Sceller davantage encore les liens qui les unissent. Développer l’intérêt pour tout ce qui est en aval de la table. Faire du Club un centre d’épanouissement de l’humanisme de la fin du vingtième siècle.
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