À l’occasion du bref séjour à Bruxelles du Maître Curnonsky, le Club des gastronomes et la Commanderie de Belgique de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin ont offert, ainsi qu’il se devait, un « dîner gastronomique, tastevinesque et succulentissime » à leur président d’honneur, Prince élu des gastronomes.
Curnonsky porte allégrement le poids de ses nombreuses années de vie active et de bonne chère et son arrivée parmi les convives fut vivement acclamée.
L’assemblée était d’ailleurs de qualité et comptait les plus fines bouches de Belgique; la participation féminine était remarquable et fit dire à Curnonsky « qu’il n’avait Jamais vu réunies, dans un seul repas, autant de femmes ravissantes » !
La plupart des Messieurs portaient le collier écarlate de la Confrérie. A la table d’honneur, aux côtés du Maître, on notait la présence de MM. Pierre Morren, Teddy Beauvoisin, Philippe Quersin et Paul De Backer, dirigeants du Club des gastronomes, André Vlimant, grand piller de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin, et ses collaborateurs MM. Ligoulet et Robert Lejeune; M. Massinger représentait l’ambassade de France. Il y avait aussi de nombreuses personnalités du monde des Lettres : Georges Rency, Groffier, Max Roose, Marc Augis, Beaufays, Walter Fostier, Oppitz, Pierre Vanden Dries; à la table d’honneur encore : MM. Delvaux de Fenffe, Souhami et Flagey fils.
Le repas, arrosé d’excellents crus, fut digne de la circonstance qu’on fêtait et le « chef » responsable vint tout ému recevoir l’accolade du Prince des gastronomes.
Des discours, il y en eut; peu, mais bons et brefs. M. Pierre Morren exprima l’admiration respectueuse des gastronomes pour leur bon maître. M. André Vlimant mit infiniment d’esprit dans ses souhaits de bon accueil à l’auteur de « Bons plats, bons vins »: M. Paul Cousin sortit de ses archives une lettre bien émouvante qu’il adressa à Curnonsky pendant la guerre et qui ne lut parvint jamais ; M. Massinger se fit, avec humour, l’interprète éloquent de l’ambassade de France et se vit conférer, en guise de remerciement, la Commanderie du Tastevin.
M. Teddy Beauvoisin tint avec autorité et à-propos le gong du speaker et dirigea les bans traditionnels avec distinction.
Enfin, Curnonsky parla. Et ce fut un régal supplémentaire. Il vanta la cuisine « simple sans chichi et sans chiqué, sans merveilles et sans délices ! »
– La bonne cuisine, dit-il, c’est quand les choses ont le goût de ce qu’elles sont…
Et Curnonsky, alerte comme un bon quinquagénaire, célébra l’amitié franco-belge, « l’amitié qui unit deux nations sœurs par le ventre, la bidoche et la gueule. »
Très tard dans la nuit, les gastronomes discutèrent encore de cuisine et de crus distingués. Puis, le bon vin aidant, Ils firent même de la philosophie.
G.W. (jy).
Voir aussi:
- Le dîner offert à Curnonsky fut (aussi) celui des plus jolies femmes – Mais c’est au chef du restaurant que le maître gastronome donna l’accolade, La Lanterne, 29 novembre 1950, p. 2
- Bruxelles et le Pays – Arts, Lettre, Théâtre, Musique – Curnonsky Prince des Gastronomes, Le Peuple, 22 novembre 1950, p. 4
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