Tous étaient là, sauf…
Était-ce le disciple de Curnonsky que nous accompagnions jusqu’à sa dernière, demeure, mercredi dernier, au cimetière d’Ixelles ? Ou était-ce le dernier vrai prince des gastronomes ? En tout cas, ils étaient tous là, les Falke, Basso, Wynants, Mattagne, Merremans, Stalport, Vandecasserie, Van Ranst, Caerdinael, Bruneau, Romeyer… Sans oublier Roland Gaelens, le « Monsieur de la cuisine belge à l’étranger », qui pour rien au monde n’aurait raté l’avion.
André Jadin, le président du Club des gastronomes, a donc eu la très mauvaise idée de ne pas se réveiller pendant le week-end de Pentecôte. Ses amis disent qu’il s’est endormi après un dernier verre de Volnay. D’autres — qui sont moins « bourgogne » — affirment que Jadin, le colonel, n’a pas supporté de sortir de l’active à 55 ans. Le BEM, dès lors, moins de deux ans plus tard, se serait laissé aller…
C’est mal connaître dans cette hypothèse, ce militaire qui au sens du devoir, avait ajouté celui du savoir-vivre. André Jadin n’était pas un chroniqueur. Encore moins un journaliste, mais il avait réussi une des choses les plus rares de la vie : partager avec ses amis sa joie et ses bonheurs. Comment ? Avec son nez, ses papilles et son sens inné des relations, publiques, diront d’aucuns. D’autres, qui le connaissaient mieux ou l’approchaient de plus près, diront simplement que Jadin savait manger, boire et cuisiner. Donc entraîner intelligemment ses ouailles sur les chemins de la volupté.
Le Club des gastronomes de Belgique est aujourd’hui orphelin d’un président. Lequel s’est dépensé sans compter. Les grands chefs, les directeurs d’hôtel, certains journalistes lui en sauront, longtemps gré. Cet homme du monde, ce parfait honnête homme pouvait, comme Bossuet, prononcer une homélie sur le mariage d’un vin et d’une sauce. Il trouvait toujours – quoi qu’en disent les dissidents de Rabelais le mot juste pour allier les joies de la table et de l’esprit.
Jadin s’est est allé sans prévenir. Ses fidèles – dont Jacques et Danielle Kother, Marc Danval et Roland Gohy – l’auront suivi jusqu’au bout. Les autres « gros niqueurs », ses «amis», auront raté l’occasion de se faire remarquer. Mais c’est vrai qu’il n’y avait pas de buffet campagnard gratuit à la sortie d’un cimetière…
Laisser un commentaire